Guillaume Trichard : Un Grand maître du Beaujolais

Originaire de Villié-Morgon, au nord du Beaujolais, Guillaume Trichard est le nouveau Grand maître du Grand orient de France, l’obédience maçonnique la plus importante de France. Donc la plus influente. Ce fils de vigneron, qui a fait sa scolarité dans le privé, est un fervent défenseur de la laïcité. Portrait. Par Maud Guillot

Guillaume Trichard ne cultive pas le mystère. Direct, cet homme de 47 ans répond sans détour aux questions
qu’elles soient philosophiques ou plus personnelles. Pourtant, il est désormais à la tête d’un cercle qui alimente tous les fantasmes depuis des siècles : le Grand Orient de France. Première obédience maçonnique de France, il compterait 54 000 membres, dont 15 % de femmes, dans 1 400 loges, dont 32 à Lyon regroupant 1 400 frères et sœurs. Des initiés la plupart du temps cooptés et qui ont un devoir de discrétion. “C’est historique et lié à un anti-maçonnisme dès l’origine. Les frères et soeurs ont même été persécutés par des régimes autoritaires car ils voulaient juste penser librement. Mais il n’y a rien de secret en maçonnerie…” précise d’emblée le Grand maître dont le cheminement personnel semble plutôt atypique. Né à Villefranche- sur-Saône, il a grandi à Villié-Morgon, au sein d’une famille de viticulteurs, de père en fils. “Même si c’est ma soeur qui a aujourd’hui repris l’exploitation aujourd’hui” détaille-t-il. Les Trichard y produisent logiquement des crus du Beaujolais : Morgon, Régnié… Et transmettent à leurs enfants des valeurs fortes et plutôt
traditionnelles : le goût du travail et de l’effort, l’attachement au terroir, mais aussi le sens de l’entraide et de la solidarité.


Guillaume Trichard, qui adhère volontiers au rituel des Conscrits pour ses valeurs d’amitié, poursuit toute sa scolarité dans des établissements privés, à Villié-Morgon, Saint-Didier-sur-Chalaronne, puis au lycée Ozanam de Mâcon. Bon élève, il n’a pas la vocation agricole, “un métier difficile”. Il intègre plutôt une classe prépa HEC au lycée public de Saint-Just à Lyon. Diplômé de l’Institut Mines Telecom Business School, il se spécialise ensuite dans les télécommunications et le numérique. Il rejoint le groupe Alcatel puis Thomson devenu Vantiva où il occupe des postes de cadre, notamment de directeur marketing.

“Je me suis investi dans la représentation du personnel et je me suis engagé jusqu’au plus haut niveau” raconte Guillaume Trichard, devenu Secrétaire général adjoint de l’UNSA (Union Nationale des Syndicats Autonomes) en charge du secteur juridique, de la transformation écologique et des transitions technologiques, de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise. Un syndicat réformiste né en 1993, plutôt implanté dans la fonction publique et qui est généralement considéré comme plus à droite que la CGT ou la CFDT. Pourquoi ce choix ? “C’est un syndicat qui met au coeur de son fonctionnement l’autonomie avec
beaucoup de marges de manœuvre pour les salariés sur le terrain. Par ailleurs, il est indépendant et défend les valeurs de la République, spécifiquement la laïcité. Or les questions de religion en entreprise existent depuis longtemps” précise Guillaume Trichard qui a adhéré à l’UNSA en 2009. Pourtant élevé dans une culture catholique donc conservatrice, le nouveau Grand maître prône une application stricte de
la loi de 1905 : “Tout le monde peut évoluer !” C’est aussi cette colonne vertébrale intellectuelle qui a guidé son engagement maçonnique. Et ce dès 1999, alors qu’il était encore étudiant. Là encore, sa démarche est peu convenue. “J’ai choisi le Grand Orient de France en toute connaissance de cause. Je n’ai pas été parrainé. J’ai frappé seul à la porte du Temple !” Alors que la franc-maçonnerie donne souvent l’image de membres cooptés, donc d’un milieu fermé et sélectif, Guillaume Trichard a tout simplement réagi à une émission sur Philippe Guglielmi, Grand maître du Grand orient qui avait donné une conférence publique. Ce dernier invitait les candidats, en fin d’interview, à envoyer une lettre au siège. “Ce que j’ai fait
dès le lendemain !” Bien évidemment, il passe des entretiens et les étapes habituelles comme le passage sous le bandeau pour se présenter aux autres membres… “Le Grand Orient de France fondé en 1728 est une obédience d’engagement, très attachée aux principes de la République, et porteuse de propositions sociétales modernes” résume Guillaume Trichard, en couple depuis 15 ans et marié à son compagnon. Mais il rappelle le nécessaire chemin initiatique que distingue la franc-maçonnerie des partis politiques ou des think-tanks : “Dans la franc-maçonnerie, des hommes de bonne volonté veulent tenter de s’améliorer
eux-mêmes, pour ensuite changer la société et l’Humanité”.
Conseiller de l’ordre depuis trois ans, Guillaume Trichard a été élu à l’occasion du 158e Convent du Grand Orient de France, réuni à Lille en août dernier. Lors de son discours, il a précisé : “Les Francs-Maçons du Grand Orient de France ont désormais une responsabilité historique, celle de contribuer à réparer notre République pour que ses principes respectables soient partout respectés, pour que la République universelle et fraternelle ne soit plus une promesse mais une réalité…” Tout un programme.

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