Mag2 Lyon a décerné en novembre ses 14e Trophées de l’ESS pour valoriser les initiatives dans la région. Focus sur le Groupe GEIM qui forme des valoristes capables de trier efficacement les déchets et qui vient d’obtenir la reconnaissance officielle de ce titre professionnel.
Installé à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, le Groupe GEIM fédère trois associations spécialisées. REF assure des services auprès de personnes âgées, handicapées ou atteintes de pathologies chroniques, avec une priorité, le maintien à domicile, ainsi que de la garde d’enfant de moins de 3 ans. REED est une structure d’insertion par l’activité économique et REN, un organisme de formation. Le réemploi étant devenu une des priorités du groupe en 2015, il était logique que ces différentes forces s’unissent également autour de cet objectif. “Quand on avait reçu un trophée ESS Mag2Lyon pour notre projet de halle du ré-emploi en 2021, j’avais formulé le vœu qu’on décroche un trophée pour cette formation de valoriste qu’on était en train de mettre en place !”, se réjouit Denis Bernin, responsable de REN. Avec Christophe Diaz, directeur général du Groupe GEIM, il avait identifié un manque de formation aux métiers de base du développement durable. “Il y a déjà beaucoup de Masters en développement durable pour gérer la transition des entreprises et des organisations mais il faut aussi du personnel qualifié pour trier les déchets sur site”, précise Denis Bernin.
Pour mettre en place cette formation “d’agent valoriste des biens de consommation courante”, le Groupe GEIM s’est rapproché du réseau national des ressourceries mais aussi de la Petite Rockette, une structure parisienne de l’ESS qui avait un projet similaire. “Pour donner à ce titre professionnel une envergure nationale.” Lancé en 2020 avec Juliette Cussinet comme formatrice, le projet va être audité pendant deux ans par France Compétences, une institution nationale créée par l’Etat pour réguler le monde de la formation professionnelle. Le temps d’assurer plusieurs sessions pour justement démontrer la pertinence de cette initiative. Soit 400h en six mois. Cette formation en alternance relève de l’AFEST, c’est-à-dire d’une “action de formation en situation de travail”. Ces stagiaires vont donc travailler en ressourcerie pendant leur formation. Coût : 5000 € payés par Pôle Emploi s’il s’agit de demandeurs d’emploi, par des OPCO ou par des entreprises.
Pour obtenir la reconnaissance de France Compétences, il a fallu remplir trois critères : démontrer que ce métier existe et surtout qu’il a des débouchés avec un taux d’emploi d’au moins 70 % à la sortie. Ce qui lui vaudra d’être reconnu en décembre 2022, officialisant cette qualification. Deux tiers des participants viennent des filières d’insertion du Groupe GEIM et un tiers de l’extérieur. Le Groupe GEIM a également ouvert cette formation à Crest, dans la Drôme. L’un de ses objectifs, c’est l’essaimage en habilitant d’autres structures pour délivrer ce titre en lien avec le réseau national des ressourceries.
C’est à Rillieux-la-Pape que Mag2Lyon a rencontré Bibiane Tarasconi et le petit groupe actuellement en formation chez GEIM. “Les profils sont très variés. On a des jeunes qui ont été orientés vers nous par la Mission Locale car ils n’avaient pas de projets professionnels très précis, des chômeurs de longue durée, des mères isolées, des personnes sortant de longue maladie, des non-francophones… D’autres avaient déjà un projet professionnel en lien avec la formation”, précise cette titulaire d’un Master en développement durable des territoires décerné par la Sorbonne, “Les profils sont donc très variés.” Certains stagiaires viennent du groupe GEIM, d’autres de la Rénoverie, une ressourcerie d’Ambérieu-en-Bugey dans l’Ain. Les thématiques évoquées : la communication pour être à même d’expliquer pourquoi tel déchet est accepté et pas tel autre comme le font par exemple les “ambassadeurs du tri”, la collecte et la réception “préservante” des objets pour identifier leur potentiel et leur valeur afin de les aiguiller vers le recyclage ou l’upcycling, s’il est possible de leur donner une nouvelle vie, mais aussi leur vente avec la gestion d’une caisse. Cette formation peut les amener à travailler en ressourcerie mais pas seulement. Des grandes surfaces tenues de récupérer certains objets usagés ou des entreprises spécialisées peuvent être intéressées. “La formation n’est pas réservée aux personnes en insertion, précise Denis Bernin, Même les ressourceries qui étaient jusque-là essentiellement liées au monde de l’insertion, sortent de cet univers. On voit ouvrir à Lyon des ressourceries privées avec des salariés en contrats classiques.”
