Nadège Michaudet, la nouvelle directrice du théâtre Théo Argence de Saint-Priest, multiplie les initiatives impliquant le public, notamment les familles, “pour que le spectateur soit aussi acteur”. Pour sa première saison, elle a également décroché de belles têtes d’affiche en conservant le caractère éclectique de la programmation. Un théâtre totalement rénové. Propos recueillis par Lionel Favrot
Qu’est-ce qui caractérise le théâtre de Saint-Priest ?
Nadège Michaudet : C’est une structure qui a toujours été pluri-disciplinaire. Sa précédente directrice Brigitte Klépa-Morel, qui vient de prendre sa retraite, avait une appétence particulière pour le théâtre. Elle a toujours maintenu une ouverture vis-à-vis d’un public familial tout en suivant des œuvres de haut niveau comme le travail de François Hien qui a monté par exemple le spectacle Education Nationale présenté au TNP. A mon arrivée, j’ai découvert une équipe plutôt restreinte par rapport à la dimension de l’équipement et à son amplitude d’ouverture, mais hyper compétente.
Avez-vous conservé cette pluridisciplinarité?
Oui, la saison 2023-2025, c’est 33 spectacles, ce qui est relativement dense pour un théâtre périphérique. Ce qu’on a voulu apporter, ce sont des spectacles d’humour, de nouveaux temps familiaux et des artistes qui n’étaient encore jamais venus ici. Un tiers de la programmation, soit 11 spectacles, s’adresse à un jeune public. Cela traduit vraiment une volonté politique de la ville qui souhaite que tous les groupes scolaires Saint-Priest viennent au moins une fois au théâtre dans l’année. On a accueilli cette saison plus de 5 500 élèves.
Quels sont ces temps familiaux ?
Les Samedis en Famille avec, à 11h, un spectacle accessible au jeune public mais qui parlera aussi aux plus grands, puis un brunch dans le bar du théâtre et, à 13h, un échange entre enfants, parents et artistes. Notre volonté est de créer du lien pour que le spectateur soit aussi acteur. Cette saison, ce sera l’occasion de s’initier à la danse hip-hop, au mime, au slam et au chant. On poursuit les Mercredis créatifs pour les plus petits avec un spectacle, un goûter offert et un atelier proposé par l’artothèque et la médiathèque. Chacun repart avec sa petite création !
Les Avant-Scènes, ce sont des moments conviviaux orga- nisés à 18h30 avant certains spectacles. L’objectif est de permettre aux structures de Saint-Priest comme le Conservatoire de musique ou l’école du cirque, de présenter un spectacle gratuit dans l’amphithéâtre à l’entrée. L’idée est de multiplier les temps d’échange pour un lieu plus ouvert, plus festif, plus participatif…
Quelques temps forts à ne pas manquer?
Le chorégraphe Mourad Merzouki, pourtant natif de Saint-Priest, n’avait jamais présenté un spectacle ici. On va intégrer le festival Karavel et sa compagnie Kafig va présenter Vertical, une création de 2018 qui avait vu le jour dans le cadre de la Biennale de la Danse. Ce sera du 26 au 28 septembre 2024. On aura également la chance de recevoir Kader Attou, également originaire de Saint-Priest. C’est l’autre figure de la danse hip-hop. Ses spectacles tournent à travers le monde. Il nous a fait l’honneur de sa dernière création, le Murmure des songes, avec sa compagnie Accrorap. Il y aura des danseurs sur scène, des projections d’illustrations et d’images numériques… Un spectacle accessible à partir de 5 ans. Le début de saison sera donc plutôt orienté danse, mais ensuite ce sera très varié.
En termes de musique classique, quels spectacles citer ?
Les Lyonnais du quatuor Debussy reviennent avec Cépage(s), un concert monté avec des vignerons et Franck Tortiller, compositeur et jazzman. A l’issue, on va proposer une dégustation et des ventes. C’est une manière de faire découvrir la musique classique à des personnes qui auraient hésité à venir mais qui vont surmonter leurs réticences grâce à ce moment de convivialité. On est aussi très fiers de poursuivre notre coopération avec l’Opéra de Lyon qu’on va recevoir non seulement pour un requiem de Fauré dans une formation d’orchestre assez importante mais aussi pour un ciné-concert Laurel et Hardy.
Que viennent faire Pierre Richard et André Dussolier à Saint-Priest ?
A 89 ans, Pierre Richard va venir nous expliquer qu’il n’est pas l’éternel maladroit de ses films. C’est l’artiste intergénérationnel par excellence. Il n’a prévu que 5 à 6 dates dont Saint-Priest ! Quant à André Dussolier, c’est aussi un seul en scène avec sa pièce Sens dessus dessous où il reprend de grands classiques : Baudelaire, Michaux, Aragon, Devos, Guitry… Autre fierté : la Comédie Française qui vient pour la première fois avec un hHommage à Serge Gainsbourg qui rassemble à la fois des comédiens et des musiciens. Une très belle proposition pour le découvrir ou le redécouvrir à travers des chansons et des extraits d’interviews.
D’autres dates à recommander?
Toutes ! Non, je ne vais pas citer les 33 spectacles mais j’ajouterai Olivia Ruiz, qui a repris la chanson après huit ans d’arrêt pour écrire des livres. Elle vient avec son nouvel album. A voir avant Noël, deux très beaux spectacles : Blizzard de la compagnie canadienne Flip Fabrique. Ces virtuoses ont été formés au Cirque du Soleil ou au Cirque Eloize. Et le Soldat Rose, le conte musical de Louis Chedid qui revient 15 ans après sa création. Pour un temps en famille juste avant les fêtes.
