Louis Guichard s’est spécialisé dans les animations 3D personnalisées qui sont projetées derrières les artistes pendant leurs spectacles. Retour sur ses débuts prometteurs et ses espoirs américains. Par Lionel Favrot
Après un Bac éco’ au lycée Charles de Foucauld dans le 3e arrondissement de Lyon, un Bachelor Made In aux Maristes et un début de Master Innovation à la Sorbonne, Louis Guichard a trouvé sa voie : l’industrie créative. Post-covid, il se réoriente vers un Master spécialisé, également à la Sorbonne. “Je me suis également formé en autodidacte”, précise-t-il. En mission dans l’agence parisienne Talent Making Talent, il participe à des campagnes 3D pour les champagnes Krug, la marque de sac à main Domestic et la jeune marque de vêtements Pressiat. “Je m’inspire beaucoup de Quentin Deronzier qui est une référence dans le mélange du réel et des effets 3D qui permet des angles de vue impossibles dans un tournage classique avec un budget global beaucoup plus faible”, résume Louis Guichard qui cite par exemple le clip pour la promotion de la Mercedes EQE un modèle 100% électrique. “Les effets 3D sont aujourd’hui tellement bien intégrés dans les pub’ qu’on peine parfois à les distinguer du réel”, ajoute-t-il.
Louis Guichard prend ensuite un nouveau tournant : la GCI, la génération d’images personnalisées que de plus en plus d’artistes projettent derrière eux pendant leurs spectacles. “J’avais remarqué que, sauf quelques stars, ils avaient souvent des images un peu passe-partout ou simplement leur nom tournant en boucle.” Il s’y essaye pendant deux ans avant de croiser une autre lyonnaise, la chanteuse Poupie, passée un peu avant lui au Made In des Maristes, qui lui annonce passer à l’Olympia en septembre 2022.
“Son univers sur scène, c’est le monde sous-marin et les nouvelles planètes. J’ai pu travailler les mouvements de l’eau, les textures…”, se souvient Louis Guichard qui galère à l’époque avec les moyens du bord, “Quand je racontais à mes collègues avec quel matériel je travaillais à l’époque, ils ne me croyaient pas ! Surtout que les mouvements de l’eau sont les plus difficiles à produire, comme les éléments naturels en général. On ne peut pas s’en sortir avec des cubes 3D !” La projection sous forme de visite lunaire avec un final sous l’eau est convaincante. “Réaliser cette planète immergée, c’était un défi à l’époque. La culture de la débrouillardise !”
Gaieté lyrique
Louis Guichard va enchaîner avec DTF, un groupe de rap chanté, qui commence alors une tournée à l’Elysée Montmartre. “Une scène mythique où le rap français a vraiment émergé aux débuts des années 90 avec 113 et Mafia K’1 Fry, avec une belle architecture métallique. On avait une boule coupée en deux sur scène et avec le designer de la salle, on a maximisé son exploitation, de la boule de Noël à la planète !” S’en suit d’autres collaborations avec également une exposition à Paris avec Chute libre, un groupe parisien pluridisciplinaire à Paris, l’occasion de laisser libre court à sa créativité, de la salle d’exposition jusqu’à la projection sur la façade de bâtiments des quais de Seine (photo ci-dessous).
Puis il entame un travail avec Romsii, un rappeur au style “dansant” qui a la particularité de se mettre en scène avec cagoule et lunette (photo ci-dessus). “J’ai repris ce look particulier pour créer un personnage un peu enfantin que j’anime derrière lui sur scène. Il s’est fait connaître sur tir tok auprès d’un public jeune avec de faire une première partie d’Adèle Castillon, à la Gaieté lyrique. Ce qui nous a donné la possibilité de projeter sur les écrans 360° qui descendent autour de la salle“, décrit Louis Guichard, “Avec lui, je me suis beaucoup amusé !”
Quittant Paris, il revient à Lyon où il va revenir au clip publicitaire et créer le buzz pour des amis d’enfance qui se lancent dans la crypto’ avec un système de jeu de cartes twitter basé sur la technologie block chain. “Grâce à l’IA, j’ai repris le discours iconique de Steve Job quand il a présenté l’iPhone en 2007. Je l’ai remplacé par ce jeu de cartes pour lui faire présenter ce produit”, précise-t-il. Dans la même veine, il demande à des amis new-yorkais de filmer l’Empire State Building sous différents angles pour imiter Star Wars qui avait projeté la campagne de son nouvel opus sur ce bâtiment mythique. “C’était aussi du fake mais beaucoup de gens l’ont pris au premier degré en se demandant comment une toute jeune entreprise avait pu s’offrir cette campagne de pub’ ! Encore aujourd’hui, on nous pose la question”, s’étonne Louis Guichard, “Du coup, cela a moins fait le buzz.”
Ses projets aujourd’hui : prendre la direction des Etats-Unis pour continuer dans la génération d’images pour artistes, en particulier avec la réalité augmentée. “Le digital redistribue les cartes de la créativité”, conclut ce jeune lyonnais qui aimerait un jour accéder à la Brooklyn Mirage, une salle immersive en plein air à New York. “Le contexte américain offre beaucoup plus d’opportunités.”