Ce fidèle de Philippe Cochet lui a succédé après sa condamnation à 3 ans de prison, dont un ferme, et 5 ans d’inéligibilité, pour détournement de fonds public en décembre. Soutien de Michel Barnier, Bastien Joint incarne une nouvelle génération d’élus LR qui affirment vouloir prendre en considération les enjeux environnementaux. Par Lionel Favrot
Candidat aux élections législatives en 2022 dans la 5e circonscription du Rhône, Bastien Joint avait récolté 17,43% des suffrages. Ce qui ne lui avait pas permis d’accéder au second tour qui avait départagé la macroniste Blandine Broccard, réélue, et le socialiste Fabrice Matteuci (NUPES).
Même scénario lors des législatives de 2024, suite à la dissolution de l’Assemblée. Bastien Joint n’a pas franchi le premier tour avec 14% des voix. Au second tour, une triangulaire a opposé la député sortante, réélue de nouveau, face à Sasha Bittoun (RN) devançant Fabrice Matteuci (NFP).
LR n’a donc pas cessé de reculer depuis 2017 dans cette 5e circonscription où Philippe Cochet, pourtant député sortant, avait été battu avec 26,3% des voix contre 45,8% pour Blandine Broccard. Cette 5e circonscription était considérée comme “un fief LR” car Philippe Cochet avait été réélu depuis 2002 sans discontinuité, avec 56% à 65% des voix.
Après avoir été emporté par la vague macroniste, LR n’a pu faire son retard dans ce secteur du nord-ouest lyonnais, dépassé tant par la montée de la gauche que de l’extrême-droite qui n’étaient, en 2017 et à égalité, qu’à 7,8% des voix.
Mais ces deux candidatures de Bastien Joint aux élections législatives l’ont clairement positionné en successeur potentiel de Philippe Cochet. Il assume par ailleurs des fonctions de directeur de cabinet de Christophe Quiniou maire LR de Meyzieu.
Pour la primaire à droite pour la Présidentielle de 2022, Bastien Joint avait soutenu Michel Barnier, devancé par Valérie Pécresse.
Ci-dessous, le portrait que Mag2Lyon avait consacré à Bastien Joint dans son numéro 145 pour ces législatives de 2022 où ses espoirs ont donc été déçus. Sa perception il y a deux ans d’un “ras-le-bol” d’Emmanuel Macron dans la société française, prend aujourd’hui une certaine pertinence.
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“Une croissance responsable”
Bastien Joint, 27 ans, est candidat dans la 5e circonscription qui couvre Caluire, les Monts d’Or et le Val de Saône face à la députée sortante LREM Blandine Broccard.
Né à la Croix-Rousse d’une mère professeure et d’un père commerçant, Bastien Joint a grandi à Caluire. Titulaire d’un Master2 en Droit Privé décroché à Lyon 3 où il enseigne désormais le droit constitutionnel et l’aménagement du territoire, il est directeur de cabinet du maire LR de Meyzieu Christophe Quiniou. C’est tout récemment que LR a officialisé son investiture car on attendait plutôt Philippe Cochet, actuel maire LR de Caluire, ancien député battu en 2017 par la macroniste Blandine Broccard. “La décision a été prise récemment mais je parcours cette circonscription depuis dix ans aux cotés de Philippe Cochet qui m’a montré cette démarche d’écoute et de proximité indispensable à la fonction de député”, précise Bastien Joint. Soutien de Michel Barnier, ancien ministre de l’environnement, lors de la primaire LR, ce jeune élu veut porter des thèmes qu’il considère être ceux de sa génération. A commencer par l’environnement justement. A Caluire, il s’est engagé pour créer une ferme urbaine. Ou la mobilité. “Ces thèmes n’ont pas de famille politique même s’ils paraissent trustés actuellement par la Gauche. La Droite est tout aussi légitime”, insiste ce jeune élu de Caluire qui voit quand même un clivage : “La Gauche défend la décroissance alors que la Droite soutient que la croissance peut être responsable en investissant sur les énergies renouvelables et les nouvelles technologies.” Ce qui ne l’empêche pas d’assumer sans complexe son étiquette politique. “Je reste fondamentalement un homme de droite. C’est-à-dire que je suis pour un Etat fort, une justice forte avec une police et une gendarmerie qui ont les moyens d’intervenir.”
“La stratégie de Macron, un coup de barre à gauche ou un coup de barre à droite, ne permet pas de résister aux extrêmes. C’est de l’opportunisme culturel”, analyse Bastien Joint qui perçoit un certain ras-le-bol dans la société.
Big-bang
Autre préoccupation : la perte de souveraineté en matière de médicaments apparue pendant la pandémie et la perte de souveraineté en matière d’énergie qui a émergé avec l’invasion de la Russie par l’Ukraine. “Emmanuel Macron n’a pas fait du “en même temps” pour l’énergie. Il vient seulement d’évoquer une relance du nucléaire alors que c’est la seule solution pour avoir une énergie décarbonée et préserver notre indépendance.” Un en même temps qui ne le convainc toujours pas. “La stratégie de Macron, un coup de barre à gauche ou un coup de barre à droite, ne permet pas de résister aux extrêmes. C’est de l’opportunisme culturel”, analyse Bastien Joint qui perçoit un certain ras-le-bol dans la société. “Des familles n’arrivent pas à joindre les deux bouts même si les deux parents travaillent. Ils sont partis habiter à l’extérieur de Lyon car l’immobilier est trop cher. Ils dépensent des sommes folles en essence. Et dans deux ans, on va leur dire qu’ils ne peuvent plus venir au centre de Lyon en voiture !”
Le score de Valérie Pécresse à la Présidentielle l’a évidemment déçu mais il est persuadé que ce n’est pas un handicap car cette campagne aux élections législatives va selon lui se concentrer sur des sujets locaux. Du coup, les victoires de LR dans plusieurs villes de la Métropole aux élections municipales de 2020 l’encouragent. “La Droite n’a pas cessé de progresser depuis dix ans. On a conservé plusieurs villes et on en gagné d’autres comme Bron”, pointe le candidat LR. D’ailleurs, s’il est élu, il compte bien porter une révision de la loi MAPTAM de 2014 qui a permis à la Métropole de renforcer ses pouvoirs. Une évolution aujourd’hui contestée par les maires de droite.
En revanche, il reconnait une panne du débat d’idées dans son camp sur des valeurs pourtant essentielles à ses yeux : la liberté d’entreprendre, la famille, le mérite, le travail, le régalien… “Un chapitre s’est refermé avec la Présidentielle. Je suis conscient des erreurs de mes aînés mais je suis plein d’énergie. Il faut un big-bang des idées. Si je suis élu, je serai un opposant rude mais constructif.”
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Lien vers les résultats des élections législatives de 2024
