Une nouvelle équipe artistique, Lyon Trinité Musique, a investi La chapelle de La Trinité. Pour l’ensemble baroque lyonnais des concerts de l’Hostel Dieu, c’est la consécration. Mais aussi pour Superspectives, collectif associé au projet avec lequel a été préparé le Synth chapelle festival du 21 au 23 février ! Par Agnès Benoist
Une nouvelle équipe artistique, Lyon Trinité Musique, a investi La chapelle de La Trinité. Pour l’ensemble baroque lyonnais des concerts de l’Hostel Dieu, c’est la consécration. Mais aussi pour Superspectives, collectif associé au projet avec lequel a été préparé le Synth chapelle festival du 21 au 23 février ! Par Agnès Benoist
Plus de rideau rouge, un graphisme épuré, le ton était donné pour le week-end d’inauguration fin novembre, dans la chapelle de La Trinité située rue de la Bourse dans le 2e. Dès le début de la soirée, l’entrée en file indienne des percussions de l’Institut des Musiques Persanes de Lyon avait donné le ton ! Le répertoire de Dolce Follia, une musique de transe enlevée et joyeuse signifiait mieux que des mots, la joie de l’association Lyon Trinité musique d’être le nouveau gestionnaire du lieu ! Les musiciens ont emmené jusqu’à la transe finale, les spectateurs ravis et ébahis par les tournoiements infinis d’un danseur de la compagnie Käfig, avec lequel l’aventure Follia a commencé… “Le baroque est une musique décontractée et moderne, elle est définie comme irrégulière. On n’est pas en queue de pie, on a une vraie implication physique, on bouge beaucoup et on tente le métissage, l’hybridation” résume Franck Emmanuel Comte, chef d’orchestre et claveciniste.
“Pour moi, le baroque, laisse une part plus large à l’improvisation. Avec un fort lien aux musiques du monde dont Jordi Savall était le pionnier”. Pour les concerts de l’Hostel Dieu c’est jubilatoire d’avoir enfin, trente ans après, ce lieu dans la Presqu’île lyonnaise pour répéter, créer même s’ils l’ont voulu ouvert et partagé. En effet, derrière l’association Lyon Trinité Musique, devenu nouveau gestionnaire de la chapelle, il y a bien l’ensemble baroque mais aussi Superspectives. Soit deux concurrents ayant trouvé tant de convergences que le lauréat a proposé au collectif outsider, créateur du festival éponyme de rendre le lieu encore plus “baroque que baroque” et ouvert jusqu’aux sons électroniques…“ Mon projet initial hybride était déjà de mixer avec d’autres esthétiques contemporaines mais avec François Mardirossian et Camille Rhonat de Superspectives, on va encore plus loin”, résume le directeur artistique, Franck Emmanuel Comte. Quelques exemples : le Tana quartet avait joué un répertoire des icônes minimalistes Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley en ouverture. Début janvier, c’était le répertoire de la chanteuse finlandaise Björk qui a été confronté avec bonheur aux instruments baroques !
Et ce n’est pas fini, puisque s’ouvre les 22 et 23 février, le Synth chapelle, festival dédié au synthétiseur électronique vintage des années 80, le Moog sur lequel a été composé la musique d’Orange mécanique signée Wendy Carlos, auteur(e) des interprétations branchées et célèbres de Bach, Beethoven ou Purcell. L’idée étant de célébrer l’inventivité des compositions avec ces synthétiseurs qui continuent de faire répertoire, avec un foisonnement et une liberté qui n’est pas sans rappeler le meilleur de l’âge baroque. En final Titan, la 1ere symphonie de Mahler, au synthétiseur par Jonathan Fitoussi. Pour les concerts de l’Hostel Dieu, c’est depuis Follia que les perspectives se sont élargies. La pièce chorégraphiée par Mourad Merzouki avec les musiciens et une soprano au cœur du spectacle debout avec les danseurs “nous a emmenés dans un autre réseau de festival, plus généraliste. Nous avons déjà 200 000 spectateurs depuis sept ans et la pièce tourne encore”.
L’obtention des clés de LaTrinité pour cinq ans, 800 000 euros de budget dont 120 000 de la Métropole de Lyon et 30 000 de la Ville de Lyon permet de voir l’horizon en plan séquence, 32 ans après la création de l’ensemble baroque… Certes, tout ne sera pas simple. La chapelle désacralisée est bien identifiée comme lieu de concert. Mais c’est un édifice inscrit aux monuments historiques, difficile à chauffer, ayant un statut d’ERP, établissement recevant du public, plusieurs acteurs avec lequel il faut composer quant aux usages. Le lieu restera privatisé pour d’autres concerts et pour des soirées entreprises pour permettre de boucler le budget et “de continuer à prendre des risques sur la programmation”. A la chapelle nouvelle version de trouver sa place dans l’échiquier culturel de la métropole. Objectif : renouveler et élargir le public. Brasser les générations. Ceci tout en abaissant la politique tarifaire et en proposant 34 concerts pour la première saison. La programmation sort de toute évidence des sentiers battus. Elle est rythmée selon les quatre saisons, à raisons de plusieurs concerts par mois et trois temps forts de festival par trimestre.
Chaque année aura son compositeur fil rouge à La Chapelle. On commence par Bach qui sera trituré le 22 février avec un duel de Dj, placés dos à dos dans Synth festival.
Retour en force baroque avec les concertos Brande-bour- geois le 21 mars par les Folies Françoises. Et dialogue, en avril, entre Bach joué par le concert de l’Hostel dieu, le musicien électro, Arandel et de la danse Hip hop !
Du 9 au 11 mai le festival du printemps, proposera une nouvelle écoute pour le 300e anniversaire des Quatre Saisons de Vivaldi. Il sera ensuite temps, en été, d’accueillir
la prochaine édition du festival Superspectives en son nouvel écrin…
Photo : Franck-Emmanuel Comte : @ Julie Cherki
Ci-dessus : @william.sundfor