C’est déjà l’heure des mini festivals qui bourgeonnent à l’annonce du printemps. On vous propose de suivre dès demain les chemins créatifs, multidisciplinaires et les questionnements proposés à l’Opéra de Lyon et aux Subsistances. Par Agnès Benoist
L’avenir à l’Opéra
C’est une tradition, chaque année, l’Opéra de Lyon propose un festival ramassé et dédié à l’opéra qui lui permet d’interroger à la fois l’histoire et la création d’opéra aujourd’hui, ses esthétiques et d’aborder des sujets de sociétés. C’est souvent pour le spectateur un des moments forts de l’année. Le choc d’une rencontre avec une œuvre. Une trilogie qui entend pour 2025 se saisir de l’avenir et de notre possibilité d’agir ou non sur l’évolution des choses.
La force du destin de Verdi ouvre le festival ce vendredi. Grand opéra d’un maitre au fait de sa gloire, il n’avait pas été vu depuis 43 ans à Lyon ! C’est le moment attendu par les amateurs de lyrique. Surtout, quand c’est Daniele Rustioni qui dirige avec une belle distribution et un metteur en scène allemand qui monte, Ersan Mondtag.

Un tout autre univers est proposé avec 7 minutes, un huis clos de onze ouvrières en situation de précarité et pression au travail sur la question du jusqu’où peut-on aller pour garder son travail ! L’opéra contemporain a été créé en 2019 par Giorgio Bastitelli. Il est donné pour la première fois à Lyon et mis en scène par Pauline Bayle (actrice et metteuse en scène remarquée notamment pour son travail sur Virginia Woolf).
Enfin, c’est au TNP que sera donnée la création mondiale L’avenir nous le dira de Diana Soh, créé pour le chœur de la maîtrise de Lyon. Cet opéra envisage le futur vu par des enfants qui grandissent aujourd’hui avec l’idée que l’humanité va peut-être vers sa fin… Un spectacle à voir en famille à partir de dix ans. Un orchestre de petites et grosses machines et 35 enfants du chœur de la maitrise de Lyon qui réhabilitent le chœur antique face aux intempéries de toute sorte qui nous menacent. Après la création du Sang du glacier plutôt destiné aux adolescents, sur les même thématiques, cette deuxième pièce s’inscrit dans la volonté de montrer que l’opéra ce n’est pas que pour les adultes ! Et de renforcer l’offre pour les spectacles en famille.
On bulle aux Subs
Depuis quelques temps, les Subsistances ont opté pour une programmation qui s’articule autour de temps forts par saison. Afin d’exploiter aussi davantage la singularité du lieu, ses anciens bâtiments industriels réhabilités, ses espaces extérieurs et sa verrière. Un moyen aussi de se démarquer des autres institutions aux formats plus classiques. C’est aussi un site qui pratique une politique tarifaire très accessible avec plusieurs séquences gratuites et participatives.
C’est le cas de Transforme, avec un festival ouvert sur les perméabilités entre danse, arts plastique et vidéo. Le cœur de Transforme palpitera dès le 22 et jusqu’au 28 mars, sous une grande bulle blanche L’Unité Mobile d’Action Artistique, UMAA installée sous la verrière des Subsistances où danseurs, chorégraphes sont conviés à inventer des formes multiples, festives, contemplatives ou participatives. En chef d’orchestre, Olivia Granville, excellente interprète de Bagouet, désormais chorégraphe a imaginé dans sa bulle une sorte de camp de base où vivre une multiplicité d’expériences et où le public pourra déambuler.
Le début de festival est plus intimiste et Mag2lyon recommande pour ouvrir le bal des transformations du 14 au 16 mars, un expert du genre, Steven Cohen, habitué des Subsistances qui, cette fois, fait entrer le public dans son Boudoir. Entre souvenirs personnels et éclats de mémoire collective, le performeur propose un voyage sans doute plus intimiste et un spectacle accessible dès 12 ans.

Dès 14 ans
On continue d’explorer l’intime avec deux spectacles conseillés à partir de 14 ans.
Les corps incorruptibles invitent le public du 12 au 14 mars à entrer dans les sous-sols des chambres mortuaires, pour appréhender la gestion des dépouilles mortelles en Occident. Aurelia Luscher revenue d’une immersion dans une entreprise de pompes funèbres, métamorphose avec humour un sujet grave, à mi-chemin entre théâtre et arts plastiques, réalité et fiction, être et néant, défunts et vivants.

Du 20 au 22 mars mars, c’est Jeanne Dark, 16 ans, qui danse, parle et brise le silence à la fois sur scène, sur écran et sur Instagram Live. Filmeuse et filmée, elle crée avec la caméra du téléphone un corps hors normes, iconique et fantastique, et fait pleinement exister ce personnage jeune fille discrète d’une famille catholique de banlieue victime d’un harcèlement qui finit par faire exploser le bruit et la fureur couvant en elle pour reprendre son destin en main.
Festival de l’opéra du 14 mars au 2 avril à l’Opéra et au Tnp. Billets sur opera-lyon.com
Transforme Lyon aux Subsistances du 12 mars au 4 avril 2025. Billets sur les-subs.com. Pass expérience pour profiter de tout le festival, 10 euros le billet à partir de deux spectacles réservés.