La cooptation représenterait près de 40 % des recrutements des cadres en France. Conscients de l’efficacité de cette méthode, deux frères, Xavier et Arnaud Bogillot, viennent de lancer à Lyon CoopteUnCV, pour faciliter et élargir cette cooptation. Par Maud Guillot
Pourquoi avez-vous décidé de créer cet outil qui favorise la cooptation ?
Xavier Bogillot : On dirige depuis 5 ans un cabinet de recrutement LCRH à Lyon. L’objectif était d’apporter un outil complémentaire au service de nos clients qui, souvent, sous-estiment l’importance de la cooptation pour trouver des candidats intéressants. On souhaite vraiment les rendre autonomes dans leur processus de recrutement.
Quel est l’intérêt de la cooptation ?
Ce mode de recrutement présente plusieurs avantages : les candidats présentés correspondent globalement davantage aux besoins que ceux qui répondent aux offres d’emploi, car ils ont été personnellement identifiés par des collaborateurs qui les connaissent. Si elles sont recrutées, ces personnes auront aussi plus de facilités à s’intégrer… Ce qui réduit le turn-over. Enfin, la cooptation permet d’aller chercher des candidats qui ne sont pas sur le marché mais qui peuvent être sensibles à la sollicitation d’un proche. En fait, qui connait le plus un comptable qu’un autre comptable ? Un chauffeur poids-lourd qu’un autre chauffeur poids lourd ?
Mais ce n’est pas du piston ?
Non, car les salariés ne risquent pas leur propre réputation en recommandant des candidats non qualifiés. Ils vont au contraire être encore plus exigeants sur le savoir-être, qui est déterminant dans l’entreprise et qu’on ne mesure pas sur un CV. D’ailleurs, la cooptation permet de rattraper des candidats qu’on n’aurait pas sélectionnés sur leurs compétences mais qui ont du potentiel, potentiel identifié par le collaborateur. Mais attention, le parcours de recrutement d’un coopté doit être le même que pour les autres candidats, pour justement éviter la confusion avec le favoritisme.
Ça fonctionne uniquement si les collaborateurs se sentent bien dans l’entreprise !
C’est la limite de cette méthode ! Il faut que les collaborateurs aient envie de bien vendre leur entreprise, donc que le climat social soit bon.
Qu’apportez-vous de nouveau avec CoopteUnCV ?
Aujourd’hui, la cooptation fonctionne essentiellement chez les cadres. On souhaite la démocratiser à l’ensemble des métiers et catégories, qui ne sont pas forcément sur Linkedin, monster… Or ce qui manque, c’est la communication. Dans les entreprises que nous avons accompagnées, on s’est rendu compte que les salariés n’étaient pas au courant des postes à pourvoir, des fiches de postes… Le technicien ne sait pas, par exemple, qu’on recherche un comptable. Et inversement.
Donc vous vous adressez aux grandes entreprises ?
Oui, dans une TPE, on arrive encore à se croiser ! Nos clients ont au minimum 150 à 200 collaborateurs. Mais avec le télétravail et l’éclatement des sites, par exemple sous forme d’agences, on peut déjà avoir des difficultés de communication.
Comment fonctionne votre application ?
Il s’agit d’une application simple d’utilisation, propre à chaque entreprise qui permet de connaître les différents postes ouverts à la cooptation et à la mobilité interne. C’est un job board interne à l’entreprise. On peut donc y coopter une connaissance et surtout la suivre dans le processus de recrutement. Car souvent, on ne sait pas ce que devient cette candidature. Or, il faut un maximum de transparence, d’autant que la cooptation est souvent associée à des primes. C’est-à-dire que le salarié touche de l’argent quand il permet un recrutement ou encore des points en fonction des étapes que son candidat franchit, utilisables par exemple sur une billetterie CE. Chaque entreprise paramètre son barème mais l’idée est vraiment d’encourager les salariés à persévérer.
Combien coûte votre solution ?
On a un coût unique au démarrage de 2 000 à 5 000 euros pour fixer tous les paramétrages. On propose ensuite des abonnements mensuels, de 1 euro à 25 centimes par utilisateur.
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