Plus de 200 écoles avec pas loin de 38000 élèves. 1562 classes. 129 restaurants scolaires. 1835 agents municipaux. Un budget de 102 millions d’euros. L’Éducation fait partie des principales compétences de la Ville. Comment s’en sort la nouvelle adjointe, Stéphanie Léger, ex-représentante de la FCPE et ex-chargée de communication à l’Institut Lumière ? Entretien. Par Maud Guillot
Comment expliquez-vous que la Ville ait aussi peu communiqué sur son projet pour les écoles, contrairement à d’autres secteurs comme la biodiversité ou la culture, alors que Grégory Doucet a fait des enfants une priorité ?
Stéphanie Léger : Je dois admettre que ça vient un peu de moi. Comme je ne suis pas issue du monde politique, j’avais besoin de trouver mes marques, de bien maîtriser les dossiers, de ren- contrer tous les acteurs. Même si j’ai été représentante de la FCPE, l’association de parents d’élèves, et que je connais bien ce monde de l’éducation, j’avais besoin de temps. Mais ça ne veut pas dire que nous n’avons rien fait. Bien au contraire.
Qu’avez-vous fait au cours de cette année ?
On a défini notre PPI, le Plan Pluriannuel d’Investissement qui fixe les orientations pour tout le mandat et on a aussi dû gérer la crise sanitaire. Ce qui n’a pas été simple. Les équipes ont été fortement mobilisées. Sur le plan de mandat, on a établi un budget de 354 millions d’euros pour le scolaire. Ce qui est un des plus gros d’investis- sement de la Ville.
Quels sont vos projets avec ce budget d’investissement?
Il y a l’enjeu de la rénovation des écoles, des huisseries aux toilettes, en passant par l’isolation thermique. Certaines écoles sont dégradées. Dans le plan canicule, on a repéré les écoles qui présentaient une urgence face à la chaleur. Soit une centaine, donc la moitié des écoles de la Ville. On va s’en occuper au cours de ce mandat. Mais entre avril et septembre, on va d’ores et déjà équiper une trentaine d’écoles de filtres solaires. On a aussi livré des tuyaux d’eau ainsi des ventilateurs. Mais on ne pourra utiliser ces derniers qu’après la crise du Covid. On va installer des brasseurs d’air plafonniers.
Allez-vous construire de nouvelles écoles ?
Oui, sept au cours du mandat. Certaines ont été décidées par l’ancienne majorité, comme Anne Sylvestre dans le8e. On va en ouvrir dans le 2e, le 7e, le 8e et le 9e. Il y aura au final trois écoles supplémentaires par rapport à ce qui avait auparavant été décidé, vers la rue Bataille dans le 8e, l’école maternelle rue Nérard dans le 9e et une autre dans cet arrondissement pour laquelle on cherche un terrain. Enfin, on détruit et on reconstruit deux écoles dans le 8e.
Allez-vous débitumiser les cours d’école ?
On est en train de repenser les cours d’école pour les végétaliser. Mais on a des contraintes. Il doit notamment y avoir des terrains de sport, ce qui est conforme au programme scolaire. L’objectif est de repenser les espaces de vie et de jeu. Pour chaque école, on fait un travail de concertation préalable avec les équipes enseignantes, périscolaires et municipales, ainsi qu’avec les élèves. On propose ensuite un travail de végétalisation. Notre projet le plus abouti concerne l’école de la Sauvagère dans le 9e. On a été accompagnés par l’association Robins des Villes.
Quand vous repensez les cours, travaillez-vous sur l’égalité garçons-filles car on sait que les garçons occupent toujours le centre et les filles les périphéries ?
La végétalisation casse justement cette organisation centrée. On nous a reproché de ne pas aimer le football. C’est complètement faux. Les jeux collectifs sont importants pour les enfants mais avec des arbres et des taillis, on change la représentation de l’espace. Les enfants ont aussi évoqué des minuscules cours d’eau. En 2021, on aura donc une dizaine de cours livrées ou travaillées. On aimerait en faire au moins 60 pendant ce mandat. Mais les écoles n’ont pas toutes des besoins de ce type.
Les enseignants qui veulent pouvoir surveiller la récréation sereinement sont-ils d’accord avec l’implantation de haies ou de taillis ?
On discute toujours avec la communauté éducative. Il ne s’agit pas de leur imposer des changements qu’ils ne souhaitent pas mais quand leur cour est un îlot de chaleur, je peux vous dire qu’ils sont rarement contre ces aménagements ! Surtout quand les parents ne cessent de se plaindre. On avance dans l’intérêt de l’enfant. C’est aussi dans cette perspective qu’on propose de sécuriser les abords des écoles.
Comment est-ce que vous procédez ?
On piétonnise quand c’est possible. Il faut favoriser une relation apaisée avec l’extérieur et la circulation. Il ne faut pas que les enfants soient dans une vigilance extrême dès qu’ils passent la porte de l’école. Ils crient, courent. Les enfants doivent eux aussi occuper l’espace public. 28 écoles ont bénéficié d’aménagements. On sera à une quarantaine à la fin de l’année.
Au moment de votre nomination, vous avez évoqué votre souci de lutter contre les inégalités scolaires. Qu’avez-vous mis en place ?
Le Projet éducatif de Territorial que je préfère renommer tout simplement Projet éducatif permet d’établir un partenariat entre la Ville, l’Éducation nationale, les associations et la CAF. Notre objectif est de rendre le temps de l’enfant cohérent en proposant des temps communs aux différents intervenants, enseignants, personnels périscolaires, afin qu’ils échangent et travaillent ensemble… Car c’est toujours intrigant pour les parents de se rendre compte que la journée de leur enfant est divisée. On prépare donc le Projet éducatif de 2022, pour les trois prochaines années. En 2021, on a rencontré tous les acteurs sur tous les arrondissements. On a aussi obtenu 3 500 réponses à notre questionnaire de la part des familles lyonnaises. Et on a déterminé trois socles dont un sur les inégalités qui ont d’ailleurs progressé pendant cette crise sanitaire. (…)
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