Des vélos électriques à trois ou quatre roues misent sur davantage de confort et de sécurité pour proposer une alternative plus confortable à la voiture. Voici deux exemples lyonnais de quadricycles en projet, avec Acticyle et Sanka, ainsi qu’un tricycle électrique conçu par EV4 France à Virignin dans l’Ain. Par Joris Bolomey
Les quadricycles développés à Lyon par Acticyle ou Sanka visent les automobilistes qui n’utilisent leurs voitures que pour de courts trajets quotidiens mais que les deux roues rebutent. “Des personnes qui trouvent que le vélo n’est pas suffisamment confortable ou ne permet pas de transporter suffisamment, explique le fondateur d’Acticyle, Olivier Cornet, ingénieur depuis une trentaine d’années dans l’industrie automobile. Le deuxième véhicule d’un ménage peut être remplacé par ce type d’engin pour des trajets dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres”. Autre cible : les périurbains et ruraux, là où il y a moins d’alternatives à la voiture particulière qu’en ville.
Olivier Cornet développe un quadricycle électrique caréné d’une cinquantaine de kilos protégé par une canopée amovible. Il permet d’embarquer jusqu’à deux personnes, voire deux enfants à l’arrière. D’une autonomie pouvant aller jusqu’à 100 km, selon le type de batterie, il peut également être équipé de panneaux solaires. L’aventure a commencé il y a plus de cinq ans et le premier prototype a déjà roulé plus de 500 km. Un second proto- type de quadricycle monoplace, financé sur ses fonds propres, est en développement. L’entrepreneur réfléchit également à un modèle qui serait adapté dans un second temps à la cyclologistique. La société Acticycle sera créée en juin après une levée de fonds. Objectif: sortir d’ici 2023 une première flotte d’une dizaine de véhicules pour une phase de test. Et de convaincre aussi des investisseurs ou partenaires de le rejoindre. Prévoir 7 000 euros l’exemplaire, à la location ou à la vente selon les retours des études de marché.
Pour Benoît Tholence, ingénieur de formation et cofondateur de Sanka, nom choisi en clin d’œil au film culte des années 1990 Rasta Rockett, le choix de la location longue durée est déjà faite. Cela permet au client de comparer plus facilement cette dépense à son budget auto. La location aide aussi à lever les craintes face au vol ou aux dégradations et favorise une meilleure circulation du produit. Le jour où un client veut changer, il lui suffit de restituer le quadricycle plutôt que de le stocker inutilement.
L’entreprise Sanka sera créée en mars, un premier prototype est annoncé d’ici septembre avec l’objectif de lancer la commercialisation d’ici fin 2023. Le quadricycle électrique de Sanka, surnommé Bob, rappellera par son design la forme d’un bobsleigh, sera capotable, et pourra accueillir deux personnes, pèsera moins de 80 kg et aura une autonomie jusqu’à 60 km. Sanka est actuellement financée via des bourses et subventions. “Mais la réussite de ce genre de projet peut aussi passer par des partenariats, pourquoi pas avec des équipementiers automobiles ou des entreprises de l’aéronautique”, glisse Benoît Tholence.
RIVETÉS COMME DES AVIONS
Alexandre Lagrange, dirigeant d’EV4 France à Virignin, dans l’Ain, s’est justement associé à un ingénieur aéronautique basé à Varsovie, Jacek Skopinski pour construire des tricycles électriques. “Notre associé conçoit le châssis en Pologne, et nous fabriquons tout le reste en Auvergne-Rhône- Alpes”, explique-t-il. Ce châssis pendulaire, composé de plaques d’aluminium rivetées, permet de rester droit malgré les virages et dévers. Les deux tricycles proposés par l’entreprise peuvent rouler sur des pistes cyclables, ils atteignent une vitesse de pointe de 25 km/h et peuvent avoir une autonomie d’une petite centaine de kilomètres selon l’usage et la conduite. Ils sont également équipés de freins à disque hydraulique, de clignotants et il est aussi possible d’y ajouter une canopée solaire de 110 watts en option. Pour ces tricycles aussi l’objectif est de remplacer l’utilisation d’une seconde voiture d’un ménage. Outre leur confort et stabilité, ils ont un poids plume, avec 35 kg pour les vélos seuls et 45 kg avec canopée solaire. “Pour les longs voyages, il est possible de compléter par un panneau de 600 watts situé sur une remorque qui peut accueillir des enfants ou des charges”, ajoute Alexandre Lagrange.
Deux vélos, assis et semi-couché, sont proposés et directement vendus par l’entreprise à partir de 3900 euros. EV4 France propose aussi une gamme de véhicules électriques, allant du skateboard au quad en passant par un kart tout-terrain, en cours d’homologation pour rouler sur la route. Ce kart équipé d’un siège baquet est également accessible aux personnes à mobilité réduite. Chaque véhicule est assemblé sur commande à la main sur le site de Virignin qui accueille de trois à cinq employés selon la production. Deux cents véhicules ont été vendus en Europe depuis la création d’EV4 France en juin 2018. “Nos vélos ont des dizaines de milliers de kilomètres cumulés, assure le dirigeant. L’objectif est désormais d’intensifier la production des vélos, mais aussi de lancer une levée de fonds et de sortir de nouveaux véhicules pour concurrencer les constructeurs automobiles de petites voitures électriques.”
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