Nathalie Serre n’est pas exactement une nouvelle députée puisqu’elle a succédé à Patrice Verchère, en 2020. Mais elle a réussi à garder son siège dans la 8e circonscription du Rhône, face à Dominique Despras, envoyé par la majorité présidentielle. Portrait.
“Ma vie est faite de coïncidences et de rencontres”, aime à répéter Nathalie Serre. Cette députée LR de 53 ans est presque surprise d’avoir été élue dans la 8e circonscription du Rhône qui va d’Ecully à Lamure sur Azergues. Patrice Verchère lui a cédé son siège en juin 2020, préférant rester à la mairie de Cours la Ville. Si elle a gagné d’une courte tête, 50,8 %, elle peut se targuer d’avoir battu le candidat bien implanté de Renaissance, le Modem Dominique Despras, président de la Chambre d’agriculture du Rhône. Originaire du Doubs, Nathalie Serre a déjà vécu plusieurs vies. Ingénieur en agro-développement, cette fille de plombier-chauffagiste a grandi dans une famille sportive et engagée dans l’associatif mais sans aucune culture politique. “On avait toujours du monde à la maison”, raconte cette ancienne pratiquante de hand. Pendant ses études, elle voyage en Australie, en Tasmanie, au Burkina Faso, en Angleterre… En 1993, elle rejoint son mari au Mexique où elle monte une entreprise de dératisation qui emploiera près de 10 personnes. Quatre ans plus tard, elle déménage en Allemagne et devient mère au foyer avec ses trois enfants : “En Allemagne, un des deux parents doit rester avec ses enfants jusqu’à l’âge de 3 ans minimum. Il y a une pression sociale et peu de places en crèche”, explique-t-elle. Deuxième vie. En 2003, son mari est muté à Lyon. La famille emménage à L’Arbresle. Nathalie Serre s’investit alors dans plusieurs associations, le conseil des parents d’élèves de l’école privée de ses enfants, le club du rugby, de danse et d’escalade… mais aussi Tous Unis contre les inondations suite au sinistre de sa maison, envahie d’1,60 m d’eau en 2008.
En janvier 2014, la liste divers-droite de l’Arbresle cherche des femmes pour répondre aux critères de parité. Ils contactent Nathalie Serre qui n’a pas d’engagement politique: “ça ne faisait pas partie de mon ADN et pour être honnête, j’étais naïve, j’aurais tout aussi bien pu aller avec la liste du maire de gauche… Je pensais juste donner de mon temps pour la collectivité.” Elle découvre la veille du dépôt des candidatures qu’elle est deuxième sur la liste et se retrouve élue dans l’opposition. En 2016, un de ses collègues, encarté chez les Républicains, lui propose de l’aider à organiser les primaires de la droite pour les Présidentielles de 2017. Elle se retrouve responsable alors même qu’elle n’est pas adhérente. “Je n’avais pas d’écurie. Je voulais juste que tout se passe bien”, raconte Nathalie Serre qui avoue ne pas voir de différence de fond entre les différents candidats : “Il y a des personnalités et des manières de communiquer mais les Républicains sont tous proeuropéens, favorables aux quotas migratoires ou un report de l’âge de départ à la retraite… ”
UNE DÉPUTÉE INATTENDUE
Le député Patrice Verchère la remarque. Il la choisit comme suppléante en mai 2017 en lui précisant qu’il ne la sollicitera pas forcément pendant le mandat. Nathalie Serre qui a du temps s’investit au sein de sa permanence. Patrice Verchère qui en est à son troisième mandat se sent totalement inutile à l’Assemblée Nationale, une institution qu’il dit complètement “sous la coupe” d’Emmanuel Macron, avec une opposition totalement méprisée, “pire qu’avec Hollande”. En 2020, Patrice Verchère choisit de retourner dans sa ville de Cours et laisse son poste de député à Nathalie Serre : “C’était totalement inattendu. Se retrouver député après 50 ans…” Troisième vie. On est en pleine crise sanitaire. Port du masque obligatoire dans l’Hémicycle. Personnel en télétravail. Mais Nathalie Serre prend ses marques. Membre de la commission de la Défense, elle est nommée, contre toute attente, co-rapporteur d’une mission d’information sur l’Opération Barkhane en octobre 2020. Elle passera trois jours au Mali. Pour un rapport rendu en février 2021. “J’ai été très bien accueillie par le groupe LR. J’ai apprécié les échanges et la gestion des dossiers. Comme je suis quelqu’un d’assez simple et direct, j’ai pris ma carte en 2021”, explique- t-elle. “Mais je garde ma liberté de vote ”. Elle s’est d’ailleurs démarquée en votant contre l’allongement du délai l’égal de l’IVG: “Non, je ne suis pas une Catho intégriste. Oui, je suis pour le droit à l’avortement. Mais j’estime que la loi Veil est équilibrée. Si on allonge le délai à 14 semaines, c’est parce que les moyens ne sont pas suffisants pour accueillir correctement les femmes.”
Après un an passé entre Paris et sa circonscription, stressée à l’idée de ne pas être à la hauteur ou trop absente pour sa famille, elle décide tout de même de se présenter en juin 2022. Dans un contexte compliqué pour la droite. “On a fait une campagne de dingue. Dominique Despras avait le profil idéal pour cette circonscription. On me promettait de ne pas passer le 1er tour. Je suis donc vraiment heureuse.” Nathalie Serre a bien conscience qu’elle va devoir faire “de la politique”. Contrairement à d’autres LR, elle est très opposée à un rapprochement avec les Macronistes: “Ils ont refusé tout dialogue pendant un an. Ils se sentaient tout puissant. De plus, ils n’ont pas de ligne cohérente. C’est une sorte de Gloubi-boulga, prêt à des compromissions.” Mais ses adversaires, ce sont aussi les députés de la NUPES notamment les Insoumis : “C’est l’extrême-gauche. Il faut avoir l’honnêteté de le dire. Les communistes, lesVerts et les socialistes se sont fourvoyés avec des gens qui prônent le communautarisme. On reproche souvent aux Républicains de s’acoquiner avec l’extrême-droite mais nous, nous ne l’avons jamais fait.”
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