Aline Chamereau : L’espoir lyonnais du beach-volley aux JO

Aline Chamereau et Clémence Vieira

La Lyonnaise Aline Chamereau s’est qualifiée pour les JO de Paris avec sa coéquipière Clémence Vieira. Elles forment l’un des deux meilleurs binômes français en beach-volley. Portrait de cette jeune femme de 28 ans inscrite au Volley-Ball Villefranche Beaujolais. Propos recueillis par Maud Guillot

Comment êtes-vous venue au beach-volley?
Aline Chamereau : Par le volley en salle ! Je suis originaire de Lyon, où j’ai débuté au club de Villette Paul Bert à 13 ans. Puis mes parents ont déménagé dans le Beaujolais. J’ai très vite accroché à ce sport collectif. J’ai été sélectionnée dans les équipes nationales, minimes, cadettes, puis juniors… Je suis partie à Paris dès l’âge de 16 ans en Pôle France, puis à Toulouse, où je m’entraîne toujours en Pôle France Beach.

Pourquoi avez-vous bifurqué vers le beach?
Au moment de faire des essais dans les clubs pros de volley, j’ai découvert le beach. Je me suis même qualifiée au Jeux Olympiques de la jeunesse avec mon ancienne partenaire. Les gestes techniques sont similaires au volley mais ce sport est en fait très différent. On est 2 contre 2, donc plus proche du sport individuel. Il n’y a ni remplaçant, ni coach. On doit vraiment être en phase avec sa partenaire. J’ai aimé prendre en main le jeu et trouver des solutions par moi-même. Ce qui nécessite un dépassement de soi physique et mental.

Mais en réalité, vous avez renoncé à une carrière en salle donc payée, pour une discipline plus confidentielle ?
Oui. C’est sûr que je n’ai pas fait le choix le plus simple ! Au- cun club privé ne paie une joueuse de beach. Plus on fait de résultats, plus on gagne des price-money, comme au tennis. Les potentiels les plus intéressants sont aussi soutenus par la fédération. J’ai ainsi un statut de sportive de haut-niveau qui m’a permis de faire une alternance ces deux dernières années avec des horaires allégés tout en touchant un salaire. Mais notre statut reste précaire. L’environnement financier est assez stressant. A un moment, la question s’est même posée de savoir si j’allais pouvoir continuer.

Votre famille était-elle sportive ou avait-elle une expérience du haut niveau?
Oui, j’ai été élevée dans une famille de sportifs. Ma mère a joué au volley au niveau national et mon père a évolué au niveau international en tennis. Mais ils m’ont aussi encouragée à poursuivre mes études. J’ai obtenu une licence Staps en management du sport. Puis j’ai suivi cette alternance, chargée de recherche partenaires sportifs chez Studi.

Comment s’organisent vos entraînements?
Je m’entraîne deux fois par jour. Sauf le samedi après-midi et le dimanche. Le mercredi après-midi est consacré aux soins, à la prépa mentale, à la diététique… Il faut aussi ajouter toutes les périodes de tournois avec des compétitions partout dans le monde. Le rythme s’est intensifié depuis 2018: la fédération a recruté deux entraîneurs brésiliens en vue des JO. Car cette nation domine le classement mondial. On a clairement fait un saut dans la préparation. Les JO nous ont apporté un sérieux coup de pouce.

Quelles sont vos ambitions?
Je joue depuis deux ans avec Clémence Vieira qui est originaire de Grenoble. Ça se passe très bien. On est championne de France 2022-2023. On est désormais qualifiées pour les Jeux Olympiques après avoir fait les tournois du circuit international pour gagner des points. On avait jusqu’à au 10 juin pour augmenter notre classement international. On a enchainé le Mexique, le Brésil, la Chine depuis mars.

Vous ne risquez pas d’arriver blessées ou épuisées aux JO?
C’est à gérer mais en même temps, pas gérable. C’était le sprint final. Ce n’était pas le moment de se reposer. Mais les autres équipes seront dans le même état! Et on trouvera toujours l’énergie pour les JO. Les grandes nations devraient être présentes : le Brésil mais aussi les Suisses, les Allemandes et les Américaines.

A 28 ans, devez-vous aussi jongler avec une vie de famille ?
Je n’ai pas d’enfant. Mais beaucoup de joueuses en ont sur le circuit international. En général, elles tombent enceintes au moment des Jeux, s’occupent de leur bébé la première année du cycle olympique puis elles reviennent pour les Jeux suivants… Je suis toujours impressionnée. C’est incroyable la vie qu’elles mènent. Sachant que certaines ont jusqu’à 42 ans. Le beach qui se joue dans le sable avec des ballons plus mous est en fait moins traumatisant pour les articulations.

Quand on parle de beach, on pense inévitablement aux tenues assez courtes. Ça vous agace?
D’autres sports comme l’athlétisme proposent des tenues près du corps. De plus, le bikini qui était imposé pour des raisons historiques n’est plus obligatoire. Il y a eu beaucoup de polémiques. On peut désormais jouer en short, avec des licras longs quand il fait froid, un tee-shirt sous la brassière. Nous, on se laisse le choix, pour être à l’aise.

Avez-vous conscience que cette tenue favorise l’audience peut-être pour de mauvaises raisons ?
C’est assez frustrant d’avoir produit une performance sportive de qualité et de s’entendre juste dire qu’on est belles à regarder. Ça dévalorise tout notre travail alors qu’on s’entraîne comme des dingues. On choisit donc des partenaires qui sont en phase avec nos valeurs. Mais les médias ont également un rôle à jouer. Une étude a montré que les images du beach, diffusées, étaient focalisées sur des parties du corps comme les fesses. Cela dit, je trouve que ça évolue positivement. J’espère que la compétition qui s’annonce nous amènera sur la bonne voie

 

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