Avec ses 9000 m2, Eastwood sera le plus grand bâtiment en bois de la Métropole lyonnaise à sa livraison en décembre 2024. Une réalisation du promoteur lyonnais DCB International avec BFV Architectes, Z Architectes et GCC. Par Lionel Favrot
“J’ai tout de suite pensé qu’il fallait intégrer la notion du bois dans ce projet car c’était à la fois novateur et à fort impact en matière de développement durable”, affirme Didier Caudard-Breille, fondateur et patron de DCB International. “Il y avait ce souci quasi militant d’être sur une structure bois, de construire différemment et de manière plus respectueuse de l’environnement”, confirme William Vassal de Z Architecture qui a conçu cet immeuble de 9 000 m2 construit à l’Autre Soie, à Villeurbanne, et très logiquement nommé Eastwood.
Ce matériau n’est pas encore très courant dans la région lyonnaise au niveau de la structure des bâtiments et les premiers construits n’ont pas atteint cette surface. Inauguré en 2022, Pluriel, le siège du groupe Quartus à Gerland, s’étend sur 2 300 m2 et Albizzia, une opération mixte réalisée par UTEI et Woodeum, à la Confluence intègre 5289 m2 de bureaux avec des façades non porteuses. L’intérêt du bois ? Son bilan carbone bien sûr mais aussi ses conditions de mise en place. “L’ossature en bois vient habiller un noyau béton où sont logés les escaliers, les sanitaires et les gaines techniques”, précise Chloé Costa, architecte : “Les façades en bois sont posées en premier puis les planchers viennent s’accrocher à elles d’un côté et au noyau béton de l’autre.”
Du coup, l’essentiel des travaux se réalise en atelier. “L’avantage de cette préfabrication pour les compagnons c’est qu’ils sont protégés des intempéries. Ces éléments se montent aussi très vite une fois arrivés sur le chantier, ce qui réduit les nuisances pour les riverains”, poursuit William Vassal. Le bois marque aussi des points au niveau de la réutilisation des matériaux car Eastwood pourra être déconstruit plutôt que détruit. “Un bâtiment se monte et se démonte comme un meuble”, affirme William Vassal.
Le choix du bois a aussi séduit la Ville de Villeurbanne. “Ce type de procédé constructif est intéressant car il vient mettre à l’épreuve les objectifs de réduction d’impact carbone”, souligne Agnès Thouvenot, 1ère adjointe de la mairie de Villeurbanne, “On a besoin de promoteurs qui prennent le risque de les mettre en place.”
HABITEURS ET HABITEUSES
C’est d’ailleurs une première pour DCB International qui n’avait jusque-là jamais construit d’immeubles de bureaux en bois. Il s’est donc entouré de professionnels qui avaient déjà une expérience dans ce domaine. Notamment BFV Architectes qui a livré en 2019, à Saint-Denis près de Paris, un bâtiment de 27000 m2 en structure bois. “Eastwood est un immeuble de bureaux qui va compter dans le paysage lyonnais du développement durable”, se félicite Didier Caudard-Breille.
Le défi pour ce quartier de l’Autre Soie, désormais bien pourvu en immeubles de bureaux, tout comme le Carré de Soie, c’est de devenir un quartier à vivre. “Ce qui nous intéresse, ce n’est pas d’être la ville des permis de construire”, déclare Agnès Thouvenot, “C’est la ville des liens”.
L’inauguration de la Rayonne il y a quelques semaines apparaît pour cette élue comme une étape importante dans la construction de ce quartier de l’Autre Soie « brique après brique ». Cette salle de spectacle qui se veut aussi un lieu d’innovation sociale pour l’économie sociale et solidaire, doit jouer un rôle fédérateur. “Cela va aider le quartier à prendre vie avec les entreprises avoisinantes qui sont pour l’instant un peu des boisés juxtaposés mais aussi les nouveaux habitants”, assure Agnès Thouvenot qui utilise même un néologisme pour qualifier ceux qui fréquentent un quartier. “On veut parler des habiteurs et des habiteuses de l’Autre Soie, précise l’adjointe à l’économie de Villeurbanne, pour désigner aussi bien ceux qui résident dans un quartier, que ceux qui viennent y travailler ou que ceux qui sont hébergés dans des structures pour sans-abri. On veut inclure tous ceux qui ont des habitudes dans ce quartier.”
À découvrir également en vidéo avec cette visite de chantier
D’ALSTOM À TECHNIP
DCB International intervient depuis une vingtaine d’années sur ce quartier de la Soie. Il a commencé en 2002 par l’achat du tènement loué par la Caisse des dépôts et consignation à Alstom, spécialiste des transports. “Quand on a acheté ces 8 ha, la Soie n’était pas le quartier qu’on connaît aujourd’hui avec ses commerces, son métro, son tramway… Il y avait un risque mais on s’est dit: on y va!”, se souvient Didier Caudard-Breille. Ce grand groupe aurait en effet pu quitter ses locaux pour un autre site et laisser ce promoteur avec les échéances du prêt contracté pour son acquisition à régler. Finalement, Alstom a retenu la proposition de DCB International d’un nouveau site construit sur place. Ces 37 000 m2 sont à ce jour la plus grande réalisation de ce promoteur lyonnais qui a également construit dans ce quartier, le nouveau siège d’Adecco, soit plus de 13 000 m2. Ces réalisations ont permis à ces entreprises, et aux emplois qu’elles représentent, de rester à Villeurbanne. Eastwood, où va emménager Technip Énergies, remplit également cet objectif puisque cette société d’ingénierie était installée tout près, dans les ex-usines Tase, au Carré de Soie, à Vaulx-en-Velin. DCB International s’est aussi distingué par l’opération Bel Air Camp et ses déclinaisons pour l’industrie, la formation et le textile. Ce « tiers-lieux business » vise l’innovation et la ré- industrialisation en accueillant des jeunes entreprises et des organismes de formation. Un retour aux sources pour Didier Caudard-Breille, qui, enfant, était à l’école de Charpennes, un autre quartier de Villeurbanne.