Un quart de siècle déjà …. La fête des lumières aura lieu du 5 au 8 décembre prochain et joue sur l’émotion partagée autour de six œuvres plébiscitées dont le dôme de neige de Jacques Rival, place Bellecour. Côté nouveautés quelques pépites interrogeant l’avenir de la planète et un périmètre élargi avec un pendant végétal au versant urbain et patrimonial. Par Agnès Besnoist
Fêter un anniversaire c’est forcément regarder en arrière… Rappelons que la fête des Lumières est un festival d’œuvres lumières entièrement gratuit aux deux millions de visiteurs. Aux lumignons historiques qui perdent un peu de leur puissance surtout en centre-ville, a succédé un grand moment de rassemblement pour les Lyonnais et ses visiteurs. Un partage émerveillé et bon enfant qui annonce les fête de Noël. C’est un événement populaire et unique. Qui doit évoluer nécessairement sans perdre son identité.
La fête des lumières est « dans l’ADN des lyonnais » a rappelé Grégory Doucet lors de la conférence de presse de présentation. Et c’est le service événement de la Ville de Lyon qui d’une année sur l’autre en prépare la programmation et l’organisation. Un événement « maison » unique en son genre qui a rayonné dans le monde entier, a été copié mais parfois dans une version seulement événementielle vidée du sens historique originel. On a déjà oublié que deux fêtes ont été annulées ou réduites à une déambulation silencieuse pour cause d’attentat et de crise sanitaire. Depuis la fête des lumières a repris ses droits, et avec l’inflexion de la nouvelle équipe municipale de majorité écologiste gardé le côté populaire mais renforcé un virage inclusif, et éco responsable devenu nécessaires. Certains publics sont devenus une priorité affichée les enfants et les familles, et les handicapés auquel un programme dédié a permis d’augmenter la fréquentation.
Retrospective en six œuvres
Pour la 25e édition, la fête des lumières s’offre une rétrospective au risque de figer un peu la fête et a choisi six œuvres déjà présentées. Afin de jouer la carte de « la mémoire collective » a souligné Audrey Hénocque, 1ère Adjointe au Maire de Lyon aux Finances, à la Culture, et aux Grands Évènements.
Cela va marcher à fond, place Bellecour, avec le grand retour d’I love Lyon de Jacques Rival. L’emblématique statue lyonnaise de Louis XIV récemment rénovée va se retrouver à nouveau enfermée (comme en 2006 où elle avait été abimée par les intempéries puis en 2007) dans le dôme de neige scintillant et monumental qui avait enchanté le public. C’est une œuvre symbole de la fête des lumières comme la fontaine des Jacobins colorisée par l’artiste Patrice Warrener un fidèle, qui a réalisé des œuvres sur plusieurs éditions.
Jacobins act 4 utilisera le dispositif originel de projection ultra colorisé par diapositive qui donne au lieu un aspect retro mais magique.
Un retour heureux également celui des illuminations marquantes de la rue de la République Paseo d’hiver – de l’argentin d’origine Italienne Faniuolo – Ces dentelle de lumières monumentales qui accompagnent la déambultaion sont inspirées d’une tradition italienne de la région des Pouilles. L’installation qui sera visible jusqu’au 4 janvier.
Les choucous de la fête des lumières c’est de petits personnages ronds et drôles, les Anooki qui reviennent après leur tour du monde, des débuts en 2012 gare Saint Paul et deux autres présences à la FDL, au Parc de la Tête d’Or.
Sur la place des Terreaux c’est le consensuel Retour du petit géant – des Allumeurs d’Images qui a été choisi parmi d’autres qui avaient été plus marquantes. C’est le lieu le plus emblématique de la fête des lumières mais un scénario bien ficelé est impératif pour emplir les façades monumentales et magiques de la façade des musées des beaux arts et de l’hôtel de Ville. On se souvient d’une édition magique et très ancienne ou les murs tremblaient et tombaient pour mieux se reconstruire… Avec la cathédrale Saint Jean qui manque à l’appel c’est le site « de projection d’images lumières » le plus majestueux.
Enfin une œuvre plastique plus récente Laniakea, horizon24 – Jérôme Donna – revient en version agrandie avec son ciel étoilé place Antonin Poncet et rend hommage aux travaux de l’astrophysicienne Hélène Courtois.
Le Parc en lumièreLa Tête d’or et ses 105 hectares, patrimoine naturel fait désormais partie intégrante du parcours. Et sert de point d’équilibre au patrimoine urbain. Il est élevé dans la programmation au même rang que la presqu’île historique de la fête des lumières. Si l’incursion n’est pas nouvelle, car depuis plus d’une décennie on y déambule ou non selon les éditions, la Ville de Lyon l’érige en alter égo de la Presqu’ile et son patrimoine urbain. C’est certes dans l’air du temps, mais c’est aussi une nécessité d’affirmer l’importance de la nature comme patrimoine.
C’est aussi une façon de réguler de façon douce les flux de visiteurs qui s’y précipitent. Cette année, le parcours a d’ailleurs été revu au vu de l’engorgement de l’an dernier. Enfin, cela permet de voir davantage de créations explorant le vivant, l’utilisant comme point d’appui d’œuvres lumineuses.
Désormais, l’entrée se fera Porte de la tête d’Or, la porte des enfants du Rhône étant réservées aux personnes en situation de handicap. Et la file d’attente pour les nécessaires contrôles de sécurité se feront dans le parc même avec le concours joyeux de trois couples d’Anooki qui accompagnerons les baladeurs en se courant après, faisant de gym….
Le reste des créations proposées incitera particulièrement à la déambulation, à la flânerie. Tout d’abord, signalons l’installation Reflexions color d’Antoni Arola qui est programmé pour la première fois à la FDL. La recherche expérimentale sur la lumière constitue le point de départ de son inspiration.
Avec Winter blossom des Darkitects, la végétation du parc est l’objet même de l’œuvre avec l’incursion curieuses de fleurs extraterrestres et un écho subtil aux enjeux du dérèglement climatique…
C’est un duo italié Quiet Ensemble – qui investira la Plaine du parc Solar dust jouera également sur la réalité et l’illusion dans un tourbillon harmonieux.
Le parcours se terminera au pied de la fontaine de la Roseraie pour une Plastic island – imaginée par Luzinterruptus. Amoncelés dans la fontaine des tas de déchets plastiques seront mis en lumière, un jeu plastique pour séduire mais aussi alerter sur la force de destruction de nos déchets. Une des critères de sélection des œuvres étant désormais leur caractère éco responsable.
Œuvres phares
La fête et ses deux millions de visiteurs tout le monde veut en être. Aussi cette année, pour la première fois dans le parcours FDL c’est l’auditorium de Lyon qui accueille l’œuvre Outside – de Nawelle Aïneche x Pia Vidal sur la mémoire avec une dimension poétique et organique. Tandis que les Célestins ouvrent leur portes pour la 2e année avec Dimensions of light de Javier Riera une œuvre visible en journée à l’intérieur même du théâtre. Place à la méditation et aux figures géométriques projetées sur du tissu.
Repérée aussi Une lumière ici de Virginia Woolf au musée de l’imprimerie et de la communication graphique, avec une oeuvre signalétique lumineuse en adéquation avec l’objet muséal.
Plus loin, et pour la première fois à Rochetaillée-sur-Saône, Post idols au Musée de l’automobile Henri Malartre verra s’ériger des totems à base de phares de voitures récupérés et réparés par le studio lyonnais Pitaya, souvent de la fête. La cité Jardin de Gerland sera elle aussi pour son centenaire, de la fête, avec un parcours de 2000 fleurs lumineuses dans le jardin intérieur créées en partie avec le concours des habitants.
Explorations créatives
Coups de cœur lors de la présentation pour Coral ghosts de l’allemand Philipp Frank – Place de la République. Réalisé à partir de 300 kilos de filet de pêches récupérés par une entreprise marseillaise et sculptés par l’artiste pour évoquer un massif de corail et alerter sur la beauté et la fragilité des fonds sous marins, avec une ambiance immersive en musique et en projection sur les murs alentours . Philippe Franck réalise habituellement des œuvres land art très éphémères, une heure le temps de la pause photo au cœur de la nature pour la magnifier et la révéler comme primordiale pour l’avenir de l’homme.
On propose aussi de pousser jusqu’à la gare Saint Paul qui reste depuis des années le lieu test des artistes à découvrir. Pour 2024 Nouvelle vague de Zouhour Saoud, Jesus Baptista, Dirk Rauscher qui évoque l’exil, le brassage de cultures et horizons redessinés avec le regard nefu et apaisant de la lumière.
Et toujours Les expérimentations des étudiants –des Grands Atelier de l’Ile d’Abeau qui s’installeront cette 25e année Place Saint-Nizier, place d’Albon, quai Saint-Antoine Une collaboration qui existe depuis plus de vingt ans…
Lumières inclusives
Les personnes en situation de handicap bénéficient depuis quelques éditions d’un programme d’accueil spécifique qui va en s’amplifiant. Cette année une œuvre entière L’enfant lumière – Lightning hope sur les Quai de Saône a été pensée pour ses publics avec un accès à un dispositif d’audio description et à des gilets vibrants.
La question de l’inclusion sera aussi abordée par la jeune artiste anglaise Amelia Kominsky qui avait été l’une des cinq œuvres sélectionnées et exposées dans le cadre de City Lights, le festival de la lumière organisé à Londres.
Celestial brainstorm est une énorme lanterne rotative qui évoque à grande échelle les lanternes que l’on trouve dans les chambres d’enfants la nuit et prendra place place de la Bourse. Elle l’a conçu comme une fenêtre de perception du fonctionnement d’un cerveau épileptique. Elle souffre elle-même d’épilepsie photosensible, d’autisme et d’autres troubles mentaux.
La boum des enfants
Les enfants sont devenus un public prioritaire de la fête des Lumières, et le parc Blandan est devenu le théâtre spécial d’une animation aux horaires avancés à 17 h 30-21 H 30. Cette année, se sera la Boum de lumières conçu comme une fête foraine avec un collectif d’artiste proposant spectacle de danse participatif, mapping interactif, tombolight, karaoké à facettes, atelier masques… avec une offre de restauration.
La Fête des Lumières se déroule du jeudi 5 au samedi 7 décembre 2024 de 19h à 23h, et le dimanche 8 décembre 2024 de 18h à 22h. Plus de détails sur : https://www.fetedeslumieres.lyon.fr