Le maire LR d’Ecully avait révélé dans Mag2Lyon en novembre 2023 ses ambitions pour être le candidat de la droite à la Métropole de Lyon. Ce qu’il avait confirmé les mois suivants dans différentes journaux et radios. Tout était parti pour une désignation avant ce Noël 2024, lui permettant de constituer une liste, y compris avec des alliés, et de détailler davantage son programme. Finalement, avec son accord et alors qu’il reste seul candidat à la candidature LR en lice à ce stade, sa nomination a été reportée en janvier 2025. Ce qui a été interprété comme une conséquence des réorganisations nécessaires à LR dans le Rhône suite à la mise à l’écart de Philippe Cochet.
—-Entretien accordé à Mag2Lyon en novembre 2023
Sébastien Michel
La Métropole ? J’y pense !
Le maire LR d’Ecully fait partie des nouvelles personnalités politiques qui ont émergé depuis les élections municipales de 2020. À mi-mandat, il revendique un premier bilan et affiche désormais ses ambitions pour assurer le leadership de LR en vue des prochaines élections métropolitaines. Par Lionel Favrot
À mi-mandat, que pouvez-vous revendiquer avoir réussi à Ecully ?
Sébastien Michel : Quand je me suis présenté aux élections de 2020, j’ai propos. aux habitants d’Ecully un projet qui portait sur trois piliers : éducation, transition écologique et sécurité. Dans cet ordre-là. Aujourd’hui, ce que me disent les habitants, c’est qu’on est en train de réveiller la ville d’Ecully et de la replacer à l’échelle de la Métropole de Lyon.
Ecully parait généralement comme une ville aisée et surtout résidentielle, donc pas trop complexe à gérer…
C’est l’image qu’en ont beaucoup de gens. La réalité est plus complexe avec une vraie mixitésociale. Quand je rappelle qu’Ecully a 28 % de logements sociaux, cela surprend. Ce qui la distingue c’est aussi son campus. 10 000 étudiants pour une ville de 19 000 habitants, ce n’est pas rien ! Elle accueille aussi des sièges de grands groupes internationaux : SEB, SBM, Seqens…
Un maire peut-il vraiment jouer un rôle sur le plan économique ?
Je suis moi-même cadre dirigeant d’une entreprise et je sais que le monde économique est capable de se développer sans les élus mais qu’il y a quand même une différence entre un maire qui accompagne ce développement et celui qui tente de le freiner. A une époque, les collectivités locales se concurrençaient en essayant de proposer la fiscalité la plus favorable possible aux entreprises. Aujourd’hui, les entreprises regardent avant tout l’offre du territoire en matière d’éducation, de culture, de santé et le niveau de sécurité sur le territoire. Et le maire a clairement les clés sur ces sujets-là.
Qu’avez-vous pu faire en matière économique par exemple ?
La présence des grandes écoles d’ingénieurs comme Centrale qui va investir 20 millions d’euros pour renforcer son implantation, donne un potentiel d’innovation assez incroyable . Ecully. Je fais partie des maires capables d’échanger sans problème en anglais avec des cadres internationaux, ce qui n’est pas si courant, et qui comprend les principaux enjeux du business. Je sais que si l’EM Lyon part d’Ecully en septembre 2024, c’est notamment parce qu’on est mal desservi en termes de transports en commun. J’ai donc demandé au Sytral un tramway sur la ligne C6 qui relie la Part-Dieu au campus. Un investissement d’environ 400 millions d’euros.
L’exécutif écologiste de la Métropole n’était pas plutôt favorable à un bus à haut niveau de service sur cette ligne ?
Il avait effectivement été question d’un BHNS au moment des élections de 2020 mais le tramway est désormais un des scenarii à l’étude. C’est encore en débat mais j’espère bien qu’on aura prochainement l’annonce d’un tramway à Ecully. Le Groupe SEB a un projet de développement de son site et on doit l’accompagner en matière de mobilités. J’attends que ce tramway soit confirmé depuis deux ans. S’il est voté aujourd’hui, on le verra arriver à l’horizon 2028- 2029. Il ne faut plus tarder.
Qu’est-ce qui pourrait contrarier ce projet de tramway Part-Dieu-Ecully ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Bruno Bernard. A l’écouter, il y a déjà assez d’étudiants dans la Métropole et il faudrait construire des logements sur l’ancien site de l’EM Lyon. C’est une vraie pierre d’achoppement entre nous. Moi, je soutiens au contraire l’aménagement d’un campus européen des métiers de la sécurité. La Chambre de commerce et d’industrie a recrut. le général Darricau pour piloter ce projet. Je l’ai encore vu récemment et cela avance bien. Les discussions se déroulent au plus haut niveau de l’Etat et ce n’est pas à moi de faire des annonces mais là-aussi j’ai bon espoir.
Bruno Bernard considère que les maires qui souhaitent des axes de transport structurant sur leurs communes, doivent aussi accepter de densifier l’habitat à proximité…
Je suis d’accord sur le principe mais à Ecully, une ligne de tramway comblerait d’abord un manque historique. De plus, je suis prêt à construire près de cette nouvelle ligne mais pas sur l’ancien campus. Pour moi, il faut le faire au niveau du grand giratoire du Pérollier. Il y a des terrains disponibles. Si on veut préserver l’attractivité de la Métropole c’est indispensable de renforcer la vocation universitaire d’Ecully pour croiser les compétences des grandes écoles avec celles de ces grands groupes. Les territoires qui réussissent, ce sont ceux où il y a de la recherche et de l’innovation. Ecully a un rôle à jouer dans
ce domaine.
Mais le président de la Métropole a encore récemment déclaré qu’il était favorable à la relocalisation et à la réindustrialisation…
Son discours est ambivalent car il ne pose pas de stratégie en la mati.re. A-t-il encouragé à la création de nouveaux clusters ? Je ne vois rien venir. Ce que je vois c’est que Toulouse, qui a clairement misé sur l’aéronautique, rattrape Lyon en termes démographiques. La France ne forme pas assez d’ingénieurs : 60 000 au lieu des 80 000 . 90 000 nécessaires par an. Gérard Collomb aimait à dire que Lyon était la capitale des sciences et de la vie en faisant notamment référence à son excellence en matière de santé et de biotechnologies. Et il avait raison. Une telle vision manque aujourd’hui.
En revanche, on vous entend peu protester contre les Voies lyonnaises !
Quand ce projet de grands axes vélo a été lancé, on s’est positionné pour en obtenir un sur notre commune. L’idée c’était un axe structurant pour relier la rue Marietton dans le 9e arrondissement de Lyon jusqu’au campus d’Ecully. Un projet logique car cela correspondait à une attente et on avait la place pour l’aménager. On ne l’a pas obtenu. Compte tenu des polémiques actuelles, on ne le regrette pas !
Du coup, pas de projet vélo sous votre mandat ?
Si ! On a obtenu une dotation de la Métropole de 2,3 millions d’euros dans le cadre de la conférence territoriale des maires (CTM). Ce n’est pas faramineux pour huit communes et un mandat mais on va flécher ces moyens sur les mobilités actives. Notre objectif est de relier Ecully à vélo aux communes de l’Ouest lyonnais. Descendre à Lyon, c’est envisageable mais rejoindre Saint-Cyr-au-Mont-d’Or par exemple, c’est très difficile.
Les villes ont encore davantage d’influence vis-à-vis des écoles puisqu’elles en ont la responsabilité. Qu’avez-vous fait depuis votre élection puisque l’éducation était un des piliers de votre programme ?
Plus de la moitié du plan d’investissement de ce mandat, soit 15 millions d’euros sont consacrés aux groupes scolaires. On a complétement refait l’école des Cerisiers en agrandissant les classes pour qu’elle soit plus adaptée aux nouvelles pédagogies et à la nécessité d’organiser des ateliers. On a aussi rafraichi les classes à l’école de Charrière Blanche. On a végétalisé les cours d’écoles et appliqué les 30km/h aux abords des écoles. En discutant avec les enseignants et les parents d’élèves, on a aussi identifié un problème de communication. On a instauré davantage de transparence sur ce qui va et ce qui ne va pas. On a remis une Atsem par école maternelle, ce qui n’était plus le cas sous le précédent mandat. Et on a lancé une innovation : un poste de manager des écoles dans chaque groupe scolaire.
C’est quoi un manager des écoles ?
Sa mission c’est de travailler au lien entre famille et équipe enseignante pour régler tous les petits problèmes du quotidien. On a recruté plutôt des jeunes avec un profil d’ancien animateur, qu’on a fait monter en compétence. Cette idée est venue au fil des discussions au sein de mon équipe. Je ne prétends pas que tout vient de moi.
L’académie n’a pas bloqué cette initiative atypique ?
Elle a été un peu heurtée par le terme de manager car elle ne souhaitait pas qu’on manage une école comme une entreprise. Mais après trois mois d’expérimentation sur un site, cela marchait tellement bien qu’on l’a généralisé dans toutes les écoles. C’est la commune qui paye ces temps pleins. C’est un choix. J’ai aussi lancé de nouvelles activités périscolaires : l’initiation à l’histoire de l’art mais aussi aux langues anciennes, grecs et latins. Là, j’avoue que cela a un peu fait hurler dans mes équipes mais je me dis que quand on fait visiter l’amphithéâtre de Fourvière à des enfants, c’est bien qu’ils aient des éléments. Sans se substituer à l’Education Nationale, une municipalité peut avoir des initiatives de qualité qui permettent de susciter la curiosité des enfants.
Vous vous situez toujours dans une opposition frontale aux écologistes ?
Non. Je suis capable de dire quand cela va bien. Exemple : je suis le seul ou un des rares maires de l’opposition à avoir signé la charte de la Métropole contre les perturbateurs endocriniens, ce qui veut dire faire attention aux produits d’entretien et aux barquettes dans les cantines, dans tous les bâtiments municipaux, notamment les écoles. Je souhaite même que la Métropole aille plus loin pour la santé en suivant des initiatives innovantes comme celle de Strasbourg qui teste la prescription et le remboursement du sport. Je trouve cela assez extraordinaire.
D’autres sujets de consensus avec l’exécutif écologiste de la Métropole ?
Oui, la nécessité de reclasser Les Sources-Pérollier au titre des quartiers prioritaires de la ville. Aux Pérolliers, tous les indicateurs se dégradent. Si on obtient un classement QPV, on va récupérer des moyens en termes de fiscalité, de prévention spécialisée… La Duchère, dans le 9e arrondissement de Lyon, juste en face, a été positivement modifiée grâce à l’ANRU alors que de notre côté, on a juste un bailleur qui se mobilise comme il peut ! Dès mon élection en 2020, j’ai rencontré Olivier Klein le ministre du Logement de l’époque, mais aussi le préfet de région et ses équipes. Je travaille beaucoup avec Renaud Payre, vice-président de la Métropole et je pense que ce dossier a de bonne chance d’aboutir avec une annonce prochaine. On a également ouvert au centre d’Ecully une Maison de la Famille, construite sous le précédent mandat, mais qui restait à lancer, avec un projet autour du soutien à la parentalité. Je me mobilise aussi sur le sujet des violences faites aux femmes et des violences intrafamiliales qui concernent absolument tous les milieux sociaux avec un dispositif qu’on est en train d’étendre à l’Ouest lyonnais au niveau de l’intercommunalité.
À vous entendre exposer votre action à Ecully, on se dit que vous pourriez avoir envie de peser davantage au niveau de la droite métropolitaine…
Moi ce que j’aime c’est faire. Je ne m’intéresse pas aux mandats de député, de sénateur ou de député européen qui ne correspondent pas à mes capacités. Je regrette même que le non-cumul des mandats ait provoqué une déconnexion des parlementaires avec le terrain. D’ailleurs, ils ont aussi la mainmise sur les partis politiques. Si j’ai pris des responsabilités dans les instances nationales des Républicains, à la commission d’investiture, c’est pour faire entendre la voix des maires. Moi, LR m’appelle pour me demander mon avis sur la baisse des dotations aux communes par exemple. Mais j’estime avoir aussi des choses à dire sur des sujets de société. Exemple : l’organisation du temps de travail. On a instauré à la ville d’Ecully la semaine de 4 jours et de 36h. Ce n’est pas pour rien.
Est-ce que vous envisagez de vous présenter comme tête de liste de la droite à la Métropole ?
La Métropole ? Oui j’y pense ! Avec 1,5 million d’habitants et 4,8 milliards de budgets, et des compétences qui impactent la vie quotidienne, cela me permettrait d’amplifier ce que j’ai pu faire à l’échelle d’Ecully. On a aujourd’hui une nouvelle génération d’élus avec des gens de talent comme Jérémie Bréaud à Bron, Gilles Gascon à Saint-Priest, Jérôme Moroge à Pierre-Bénite et Véronique Sarselli à Sainte-Foy-lès-Lyon qui font du super boulot. Sans oublier Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement, qui restructure toute l’opposition lyonnaise. Mais je ne vais pas leur dire ôte-toi de là que je m’y mette ! Un leadership ne se décrète pas dans un bureau. Il se construit.
Photo Sébastien Michel @L.Favrot
Le campus de Centrale Lyon @DR