La capitale bulgare reste une destination confidentielle. Mais elle se laisse apprivoiser par les voyageurs avertis et curieux. Wizz Air ouvre une ligne directe depuis Lyon, avec un vol de 2h20, à partir de fin septembre. Les explications de Philippe Rochedereux de Voyageurs du Monde. Par Maud Guillot.
“Il est un peu difficile de conseiller Sofia pour un city-trip de deux jours. La destination reste un peu lointaine, même si la ligne directe depuis Lyon va raccourcir le trajet. Par ailleurs, la ville en elle-même n’est pas à l’image des capitales d’Europe centrale, avec des centre-villes marqués et des architectures caractéristiques : Prague, Vienne, Cracovie… qui sont très touristiques.
Sofia est pleine de contrastes et même un peu chaotique pour des voyageurs non avertis. Il faut la humer, comprendre son atmosphère. Dès l’arrivée, on est surpris par l’écriture cyrillique et par l’architecture très disparate. On croise des édifices austères de l’ère soviétique puis des immeubles néoclassiques élégants ou des vestiges romains… Des dômes recouverts d’or jouxtent des bâtiments délabrés.
De fait, on est un peu perdus et on ne sait pas vraiment dans quelle sens la prendre. Cette ville est géniale mais elle nécessite plus que deux jours pour la comprendre. C’est idéal si on y connait quelqu’un. Ou si on fait appel à un guide local ou un habitant qui propose des visites, en connaissant les lieux comme sa poche… On la recommande plutôt à des touristes qui ont déjà fait les Balkans et qui veulent aller plus loin dans la découverte.
Le centre-ville a tout de même ses incontournables : la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski, de style néo-byzantin, qui dispose d’un des plus beaux musées d’iconographies que j’ai vu dans les Balkans. On peut visiter également de nombreux musées : archéologie avec l’histoire Thrace, militaire, Beaux Arts… On peut aussi se rendre à l’église de la Rotonde Saint Georges, le plus ancien bâtiment préservé de Sofia, qui date du IVe siècle. Située à la périphérie de Sofia, on a enfin l’église de Boyana qui se compose de trois bâtiments. A signaler, les souterrains nombreux, des vestiges de Sardica, l’ancien nom de Sofia.
Au final, on peut rester un jour ou deux dans la capitale pour ensuite découvrir la Bulgarie, une destination culturelle puisqu’on sent bien l’influence historique de l’Empire Ottoman mais aussi nature. Le pays est montagneux : le mont Balkan est d’ailleurs situé au centre de la Bulgarie.
On peut donc louer une voiture à partir de Sofia. La circulation n’est pas spécialement difficile avec des axes bien entretenus.
A 1h30 de route de Sofia, on peut visiter le monastère de Rila, fondé au Xe siècle, un lieu spectaculaire dans les gorges de la rivière Rylski. C’est une place forte du tourisme religieux. Plus à l’Est, il faut se rendre à Plovdiv, une des villes habitées les plus anciennes au monde, au même titre que Jericho ou Jerusalem. Il y a un théâtre antique, une superbe mosquée, un ancien stade… Dès qu’ils creusent, ils trouvent des vestiges ! Quand on se balade, on voyage dans le temps.
Pour ceux qui apprécient la randonnée, il faut évidemment citer les Rhodopes, un massif qui occupe environ un septième de la surface totale du pays. Ou encore le Parc National du Pirin, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983. La biodiversité est foisonnante, aussi bien au niveau de la flore que de la faune. Je rappelle que la Bulgarie abrite des loups mais aussi des ours, avec une des populations le plus importantes d’Europe.
Dans la même zone, au sud, vers la frontière grecque, on a Sandanski et Melnik, un village typique, véritable carte postale avec un beau monastère, ses pyramides de sable… Ne pas hésiter à y déguster un vin blanc bulgare, ils sont très bons.
On peut enfin rejoindre la Mer Noire à l’Est, par l’autoroute, en quatre heures. Le littoral est un des plus beaux d’Europe et entraîne un tourisme de masse. Par le sud, on traversera au passage des villages peuplés de Turcs, les Pomaks. Parmi les villes les plus prisées en bord de mer, on peut citer Bourgas, Varna ou Sozopol.
Depuis quelques années, l’hôtellerie se développe avec des adresses plus sympas. A la mer, on a de gros établissements assez uniformisés mais dans le reste du pays, on peut trouver des hébergements de caractère ou haut de gamme. C’est deux fois moins cher qu’en France.
On mange également pour rien du tout. On retrouve des influences de la cuisine persane, grecque, slave, turque… C’est rustique et paysan avec des plats cuits à l’étuvée comme le Kavarma, une sorte de ragout. La salade grecque est un classique, c’est la chopska, avec fêta, concombre et tomates. On peut aussi goûter le tarator, une soupe froide avec du concombre, de l’aneth et des noix. Elle ressemble au tzatziki mais liquide et consommée avec une paille. Un autre plat typique : la banitsa, une pâte filo cuite au four avec du fromage local, le sirene, et du yaourt.
Au final, on regrette un peu que le lien de la France avec ce pays soit ténu car il a indéniablement des atouts. L’office de tourisme ne les met d’ailleurs pas suffisamment en avant, sauf l’aspect balnéaire. Mais pour les curieux qui s’y aventurent, la Bulgarie permet un vrai dépaysement, une immersion, car on croise essentiellement des touristes des pays de l’Est, comme les Tchèques. Ces derniers y retrouvent du pouvoir d’achat car cette destination n’est pas chère. Et sécure. Les Bulgares sont plutôt accueillants. De prime abord, ils peuvent sembler froids, mais ils ne le sont pas. Ils sont simples et droits. Ils ont vécu des guerres, des influences culturelles diverses…
Selon mon expérience, ce voyage est plutôt réservé aux couples, aux retraités… Il est un peu fatigant pour des enfants car il y a pas mal de voiture et les hébergements ne sont pas toujours adaptés. La meilleure saison pour y aller, c’est plutôt au printemps. Le climat est continental. Il fait vite frais, sauf si on reste sur un programme culturel.”
Accroche
“Il faut se rendre à Plovdiv, une des villes habitées les plus anciennes au monde, au même titre que Jericho ou Jerusalem. Il y a un théâtre antique, une superbe mosquée, un ancien stade… Quand on se balade, on voyage dans le temps”
